Poèmes de bus...
Poèmes d'étudiantes et d'étudiants de CPGE littéraire du lycée Berthollet dans la ligne 4 de SIBRA...
L'OuLiPo a le vent en poupe, au moins depuis que son président, Hervé Le Tellier, a obtenu le Prix Goncourt pour son Anomalie (cherchez l'erreur). Profitant de ces vents favorables, nous avons mis en place un mini-Ouvroir de Littérature Potentielle animé par les étudiants de la classe d'Hypokhâgne. Le but ? Ecrire à la manière de Jacques Jouet, illustre poète oulipien, qui s'est fait une spécialité des "Poèmes de métro" (la décence nous interdisant tout à fait de pasticher son roman-feuilleton élégamment intitulé La République de Mek Ouyes).
Comme tout texte d’obédience oulipienne, un poème de métro est un texte écrit sous contrainte. L'exemple le plus célèbre reste à ce jour le roman énigmatique de Georges Perec, La Disparition, écrit sur le mode du lipogramme (ou absence de lettre, ici, le "e").En voici la définition en acte, donnée par Jouet lui-même :
"Qu’est-ce qu’un poème de métro ?
J’écris, de temps à autre, des poèmes de métro. Ce poème en est un.
Voulez-vous savoir ce qu’est un poème de métro ? Admettons que la réponse soit oui. Voici donc ce qu’est un poème de métro.
Un poème de métro est un poème composé dans le métro, pendant le temps d’un parcours.
Un poème de métro compte autant de vers que votre voyage compte de stations moins un.
Le premier vers est composé dans votre tête entre les deux premières stations de votre voyage (en comptant la station de départ).
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station deux.
Le deuxième vers est composé dans votre tête entre les stations deux et trois de votre voyage.
Il est transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station trois. Et ainsi de suite.
Il ne faut pas transcrire quand la rame est en marche.
Il ne faut pas composer quand la rame est arrêtée.
Le dernier vers du poème est transcrit sur le quai de votre dernière station.
Si votre voyage impose un ou plusieurs changements de ligne, le poème comporte deux strophes ou davantage.
Si par malchance la rame s’arrête entre deux stations, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de métro."
Pour nous, la contrainte a été double : à la nécessité absolue de réfléchir à un vers en cours de route, puis de le retranscrire à l'arrêt, s'est ajoutée l'absence de ligne de métro dans l'agglomération annécienne ! Qu'à cela ne tienne, nous avons vaillamment investi le réseau de bus, et produit... des poèmes de bus. Et c'est grâce au soutien de la SIBRA que vous allez pouvoir lire notre production poétique dans les bus de la ligne 4, qui dessert le lycée Berthollet.
Mais attention : il est obligatoire d'oblitérer son ticket après la montée, alors pensez-y ! (cette phrase étant par ailleurs un lipogramme en "u" !). Cette campagne, gracieusement offerte par le Service Marketing de la SIBRA, et réalisée avec le soutien technique du lycée, sera prolongé en janvier par un affichage dans les murs de Berthollet.
Alors bon voyage, et bonne lecture !